Suis-je satisfait de ma vie ? Est-ce que je sais où je m’en vais ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Ce n’est pas toujours facile de répondre à ces questions pour un adulte qui a fait un choix de vie, imaginez pour un jeune adulte en devenir. C’est à eux que je m’adresse ici.

Quelle orientation donner à notre vie ? Je veux devenir psychologue, ingénieur, mécanicien, etc. Cela pour ceux qui savent. Et après ? La vie nous entraine facilement dans un tourbillon : études, travail, amitiés, amours... Quand nous ne nous sommes pas perdus en chemin par l’abus de substances ou des problèmes de santé mentale qui cachent souvent une détresse profonde.

Nous cherchons tous à être heureux. Pourtant, je rencontre des jeunes de 20 ans qui pleurent de ne pas se sentir comme les autres, de sentir un malaise, alors qu’ils semblent tout avoir pour être heureux. Pourquoi ce mal-être ?

L’adolescence est une période importante pour l’évolution de la personnalité. Je dirais que ce qu’on nomme crise d’adolescence pourrait se nommer crise spirituelle. Parce que c’est un moment de la vie où l’énergie est élevée et où les jeunes sont en quête d’identité. Comme si tout était en place pour permettre à chacun de trouver sa voie. Mais sans repères, sans direction, cela peut s’avérer chaotique et dangereux.

Je m’explique. L’adolescence est une période où les jeunes ont besoin de se confronter à leurs peurs, de se prouver leur force et de dépasser leurs limites. Vous savez, toutes les conduites à risques (par exemple, je pense ici à la nouvelle mode de « surf car ») sont, à mon avis, des manifestations de ce désir de se dépasser.

Dans les traditions amérindiennes, mais également chez de nombreux peuples primitifs, les rituels étaient utilisés pour canaliser l’énergie disponible et l’orienter de façon à donner un sens à la vie. Chez les jeunes, cela permettait de répondre à ce besoin de se dépasser et les orientait vers leur vie adulte. Cette période de l’adolescence était soulignée par un rite de passage. Dès l’enfance, le jeune savait qu’un moment viendrait où il devrait faire face à lui-même en traversant une épreuve. Ce rite avait pour but de favoriser la transition vers le monde adulte. C’était un moment attendu de tous que les « anciens » préparaient en assurant la transmission des règles de vie communes. Cela donnait également un statut social au jeune, l’incluant d’emblée au sein de sa communauté. Il faisait ainsi face à des épreuves physiques le confrontant à sa propre mort. En fait, l’enjeu était double : un accomplissement physique et moral. Durant ce moment de rituel, l’initié vivait un processus symbolique de mort/renaissance qui le délivrait de son ancienne identité et lui en donnait une nouvelle. C’était une expérience hautement spirituelle où les adultes présents l’initiaient aux secrets de leur communauté, aux règles de la parenté, aux convenances sociales, aux rites d’échange, au sens de la souffrance, de la solitude, de l’autorité et de la mort. En un mot, à tout ce qui concerne la condition humaine. À son retour, une fête était organisée et l’initié était fêté et reconnu comme membre à part entière de sa communauté.

Si nous revenons à notre monde moderne où, contrairement aux sociétés traditionnelles, le passage d’un jeune vers ses rôles d’adultes n’est plus encadré par l’ensemble de la communauté, nous pouvons constater que le transfert des valeurs et la recherche d’un sens à donner à sa vie ne sont plus au cœur de la vie des jeunes d’aujourd’hui. Le rite de passage à l’âge adulte faisait en sorte que l’âge adulte se méritait, mais surtout que le jeune était reconnu. Sans rite, le jeune est laissé à lui-même pour accéder à ce statut d’adulte et le passage peut devenir périlleux, se prolonger et dans certain cas, ne jamais se réaliser... Pourquoi en effet le jeune quitterait-il la sécurité de son enfance pour affronter seul les difficultés de la vie ? Sans un sens à donner à sa vie, sans guide pour faire son entrée dans le monde adulte, que fait le jeune d’aujourd’hui ? Est-ce que la consommation, la fréquentation de gang de rue, les dépendances, les conduites à risque où le jeune met sa vie en danger seraient une façon de donner un sens à la vie ? Une façon de demander à être reconnu par les adultes ? Reconnaître un jeune n’est-ce pas lui dire qu’on peut lui faire confiance, qu’il peut assumer des responsabilités ? Qu’il a de la valeur, qu’il est compris et accepté tel qu’il est. Est-ce qu’en prouvant leur force, en se mesurant à leurs peurs ils obtiennent cette reconnaissance si aucun sens ne s’y rattache ? Il faut pour cela que les épreuves ne soient pas banales pour le jeune et ceux qui l’accompagnent. Les rites de passage traditionnels revêtaient un aspect sacré : chaque geste, chaque épreuve avaient un sens précis et donnaient du sens. Sans oublier que cela donnait aux jeunes le goût de grandir. Combien de jeunes me disent qu’ils n’ont pas le goût de devenir des adultes ?

Nous offrons à l’Arc-en-ciel une démarche pour les jeunes de 17 à 25 ans : Le Projet 17-25 : « En quête de soi » dont l’objectif principal est d’amener le jeune à faire une démarche, en s’engageant dans une quête qui mène à une meilleure connaissance de qui il est, mais également à développer sa confiance en lui.

L’objectif du projet jeunesse est donc d’offrir la chance à ceux et celles qui désirent vivre une vie plus consciente, plus libre, qui désirent être plus heureux, qui désirent un monde meilleur, qui désirent s’épanouir, trouver des réponses, des moyens de satisfaire leur recherche et d’élargir leur vision de la vie. Chaque année, nous offrons une démarche qui s’étale sur environ 9 mois et qui inclut un rite de passage. À raison d’un dimanche par mois, un groupe de jeunes se rencontrent pour apprendre à déchiffrer leurs rêves, mais également apprendre à se connaître par leur interaction et le partage de leurs prises de conscience.

Auteure