Nos rêves sont des alliés précieux dans notre quête de liberté intérieure. Ils peuvent nous aider à nous libérer des conflits qui nous rongent de l’intérieur et qui sont aussi à l’origine de nos guerres extérieures, des petites chicanes domestiques aux grands conflits entre les nations.

Face à l’occupation du Tibet par les Chinois, le Dalaî-Lama exhortait ses compatriotes à s’occuper d’abord du Chinois en eux. Dans la même foulée, Anthony De Mello disait à des syndicalistes en quête d’une plus grande justice sociale : D’abord, faites la paix à l’intérieur de vous, ensuite passez à l’action.

Nos rêves, notre propre champ de bataille

Le rêve nous met face au « Chinois en nous ». Les scénarios de nos rêves nous présentent souvent des situations conflictuelles : tensions, poursuites, harcèlement, agressions, batailles. Notre premier réflexe est de chercher le coupable, l’agresseur, le poursuivant à l’extérieur de nous. Pourtant, ce rêve est bel et bien notre rêve, ce n’est pas celui du voisin, ni celui des personnages connus ou inconnus qu’il met en scène. Il nous parle de nos propres conflits, de notre propre champ de bataille.

Nos rêves cherchent la paix

Les scénarios de nos rêves sont souvent déroutants et parfois très désagréables. Pourtant, tous nos rêves sont une tentative de dialogue en vue de rétablir le lien, de faire la paix et de recréer l’unité en nous. Ils présentent tous les éléments du problème, rassemblent tous les acteurs importants impliqués dans la situation. Et ils recèlent les éléments pour la résolution du conflit qu’ils exposent, sous forme codée.

La clé du code : le rêve est un miroir

Nous sommes l’auteur et le metteur en scène de notre rêve. Nous avons nous mêmes choisi les acteurs, distribué les rôles. En ce sens, tout dans le rêve révèle un aspect de nous-mêmes. Nous sommes le poursuivi et le poursuivant, l’oppressé et aussi l’oppresseur. Le rêve est un miroir qui nous montre toutes les facettes de nous. Celles que nous connaissons bien et que nous aimons, mais aussi les autres, celles que nous préférons éviter ou que nous n’avons pas encore rencontrées. Tout dans le rêve nous parle de nous. L’autre, c’est nous. Le rêve nous parle de notre relation avec cet autre nous-même. Il nous offre l’occasion et parfois nous crie l’urgence de régler une situation avec l’autre, de faire la paix avec lui. Mais comment faire ?

D’abord, reconnaître l’autre

Reconnaître l’autre, c’est accepter qu’il soit là, tel qu’il est. Or nous faisons exactement le contraire. Nous refusons la présence de cet autre. Nous nions son droit à l’existence. Nous refusons la situation. Nous refusons le rêve. Pourtant, il s’agit bien de notre rêve. La première étape vers la paix est de reconnaître qu’il y a une difficulté, un conflit. Reconnaître la situation telle qu’elle est présentée par le rêve avec tous ses acteurs.

Chausser ses mocassins

Vous connaissez sans doute ce dicton amérindien : Ne critique personne avant d’avoir marché dans ses mocassins pendant une lune. Après avoir reconnu le droit à l’existence aux personnages de notre rêve, nous pouvons chausser leurs mocassins, entrer dans leur peau, voir à travers leurs yeux, percevoir et ressentir la situation tel qu’ils la voient et la ressentent. Sans jugement, ni pour eux, ni pour nous-mêmes.

Établir un dialogue avec lui

Accueillir l’autre va nous permettre de passer à la prochaine étape, celle du dialogue. Dialogue oui, mais il convient surtout d’être à l’écoute de l’autre. Une écoute active et curieuse. Qu’ont à nous dire les différents personnages de notre rêve ?  Pourquoi viennent-ils nous rendre visite cette nuit en particulier, à ce moment précis de notre vie ?  Nous pouvons le leur demander et leur demander de quel message ils sont porteurs. Ou toute autre question qui nous vient à l’esprit. Par exemple : Que veux-tu de moi ?  Quel est ton besoin ? Pourquoi me poursuis-tu ainsi ?  Posez les questions et prenez le temps d’écouter et d’accueillir les réponses, elles vous étonneront souvent.

Créer un rituel d’unification

Maintenant que nous avons fait connaissance avec les différents personnages de notre rêve, que nous avons pris le temps de les accueillir, nous sommes prêts à franchir un autre pas dans notre quête de liberté. Nous pouvons sceller l’unité retrouvée en créant un cercle avec eux. Il y a plusieurs façons de créer ce cercle. Par exemple, vous pouvez vous visualiser dans un cercle autour d’un feu, avec tous les personnages de votre rêve. Vous pouvez créer ce cercle avec de petites pierres ou autres objets, chacun représentant un personnage de votre rêve; placez une bougie au centre et allumez-la pour marquer vos retrouvailles. Ou encore, dessinez-le sous forme de mandala. Il est possible que votre mental rationnel regimbe un peu de ne pas être en mesure de comprendre ce qui se passe. Mais ne vous en faites pas. On dit que le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas. Nous pourrions en dire tout autant du rêve et de l’âme, notre être intérieur, dont il est le messager.

Honorez votre rêve en l’ancrant dans le quotidien

Une fois que vous aurez rétabli le dialogue, fait la paix ou expérimenté toute autre résolution de votre rêve, il est important d’ancrer ce travail dans votre quotidien par un geste concret. Le travail avec les rêves n’est complet que s’il s’accompagne d’une tâche de rêve, c’est-à-dire d’une action à poser dans la vie de veille. Vous pourriez, par exemple, porter un objet symbolique représentant un personnage de votre rêve, le placer bien en vue pour qu’il vous serve de rappel, contacter une personne avec qui vous avez recréé le lien dans votre travail sur le rêve, l’appeler, lui envoyer une lettre ou un courriel. Trouvez la façon la plus appropriée pour vous d’enrichir votre quotidien des messages et de l’expérience acquise au fil de vos nuits.

La quête du guerrier pacifique

Les rêves sont des alliés puissants dans la quête du guerrier intérieur. Et que cherche ce guerrier sinon la paix et la liberté ?  La liberté d’être. D’être un homme et une femme libres. En faisant la paix avec les personnages de nos rêves, c’est-à-dire les différentes facettes de nous, nous devenons libres, parce que c’est le refus de l’autre qui nous garde prisonniers. Entrer dans notre monde intérieur, affronter les ennemis qui s’y terrent, unir nos polarités, reconnaître l’unité dans ce qui semble opposé, tel est le chemin de cette quête de liberté qui donne tout son sens à notre vie.

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