...je fais face à un ours noir avec lequel j’engage un duel de grognement... et voilà que l’ours décampe. Je le vois qui s’éloigne jusqu’à l’orée de la forêt. Tout à coup, c’est un splendide ours blanc qui se retourne vers moi et me regarde avant de disparaître entre les arbres.

J’ai fait ce rêve en 1979. Jusqu’alors je ne m’étais pas intéressé à mes rêves. C’était une époque trouble. Je me sentais perdu et me questionnais sur le sens de ma vie. Ce rêve allait marquer le début d’une quête qui me porte toujours.

Je ne savais rien des rêves à l’époque. Tout ce que je savais ce matin-là, c’est qu’il me fallait écrire ce rêve. Je n’aurais jamais affronté un ours dans ma vie de tous les jours. D’où me venait l’audace de le faire en rêve ? Ça me semblait tellement irréel une fois réveillé et pourtant tellement réel dans mon rêve. Que me voulait cet ours blanc ? D’où me viennent ces images ? Quel lien y-a-t-il entre les scénarios de mes rêves et mon quotidien ?

Sans comprendre pourquoi, je savais que cet ours blanc m’invitait à le suivre. C’était une certitude intérieure. Ce rêve n’apportait pas de réponse définitive au sens à donner à ma vie, mais il me disait clairement qu’il y avait autre chose à la vie que « métro, boulot, dodo » et qu’il m’appartenait de le trouver.

Peu de temps après, je rêve que je participe à une réunion de travail avec des collègues. Notre discussion s’enlise dans des détails qui me semblent futiles. Plus le rêve avance, plus la frustration monte et moins j’interviens. Je me réveille furieux.

Et je réalise tout à coup que j’ai vécu exactement la même situation au bureau, la veille. Enfin pas tout à fait la même. Hier, je ne m’étais pas senti fâché, à peine un peu agacé. Pourtant la similitude entre le rêve et la situation de mon quotidien était frappante. Le rêve cependant me montrait une attitude très différente de mon comportement de veille. Mais qui dit vrai ? Le rêve ou le masque que je porte dans mon quotidien ? À y regarder d’un peu plus près, j’ai dû m’avouer que j’étais vraiment fâché, comme mon rêve me le montrait clairement.

Je venais de trouver une clé maîtresse : Rêve et situations de la vie quotidienne ne sont pas deux mondes séparés. Il existe au contraire, un lien étroit entre nos rêves la nuit et les situations de notre quotidien le jour.

J’allais découvrir une seconde clé maîtresse quelques années plus tard, lorsque, je me suis inscrit à mon premier atelier de rêve : Rêve : Miroir... dis-moi qui je suis. Je me souviens de cette phrase lancée par Rose Pineault la fondatrice de L’Arc-en-ciel : « Tout dans le rêve m’appartient ». J’allais avoir de multiples occasions de vérifier la validité de cette phrase au fil des deux années de la formation Connaissance de soi et intervention par le rêve que je ne pouvais manquer de suivre. Aujourd’hui, c’est à mon tour, comme membre de l’équipe d’animateurs de L’Arc-en-ciel, de la dire. À mon tour aussi d’inviter les personnes qui participent à nos ateliers et formation à sonder leurs rêves pour découvrir leurs propres réponses.

Je n’affronte pas d’ours dans tous mes rêves. Souvent, il m’est arrivé de m’enfuir quand j’étais poursuivi et même parfois d’essayer de courir sans en être capable. « Tout dans le rêve m’appartient ». Quelle est cette part audacieuse en moi ? Cette part qui a peur ? Cette part qui se sent impuissante ? Et aussi l’ours en moi. Pourquoi ce rêve précisément à ce moment-ci dans ma vie ? Quel éclairage m’apporte-il sur mon quotidien ? Quel angle aveugle me permet-il de voir ?

Tous mes rêves ne sont pas des grands rêves. Pourtant, si j’y regarde de près, même mes rêves les plus ordinaires ont un message à livrer, une part de sagesse et de vérité pour enrichir mon quotidien.

Quête de sens pour celui qui est désemparé, quête de paix pour celui qui est en guerre, quête de liberté pour celui qui se sent à l’étroit dans sa vie, quête spirituelle pour celui qui a mal à l’âme, ou tout simplement quête de bonheur, notre vie est une quête si nous répondons à limitation de l’Ours blanc, peu importe la forme sous laquelle il se manifeste pour chacun.

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